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  • Photo du rédacteurL'Ovalie Média

Teros y Cóndores (1/2). La survie ancrée au plus profond des âmes

Dernière mise à jour : 25 oct. 2023

Dans le premier épisode de cette série sur les sélections d’Uruguay et du Chili, focus sur Los Teros dont l’histoire est marquée par le drame.


Les Uruguayens ont fait mieux que résister face au XV de France.


Tout le monde les voyait sombrer face au XV de France, comment pronostiquer autre chose en amont d’une rencontre entre la 3ᵉ et la 17ᵉ nations au classement WorldRugby. Oui, mais voilà, les Bleus comme le monde du rugby ont été surpris par la force de caractère des Uruguayens. Face à l’un des grands favoris de la compétition, Los Teros ont fait mieux que de survivre, comme animé par un supplément d’âme. Malgré la défaite (27-12), les hommes d’Esteban Meneses ont montré une belle image du rugby uruguayen. Retour sur un épisode de l’histoire de cette nation.


Le ballon ovale uruguayen porte le poids d’une tragédie, celle du vol 571. En 1972, les joueurs d'Old Christians de Montevideo s’apprêtent à rencontrer le club chilien de Santiago : les Old Boys. Un week-end de fête s’annonçait et les proches étaient conviés comme l’explique Fernando Parrado l’un des 16 survivants dans un reportage intitulé “Dangers dans le ciel - Vol 571 crash dans les Andes” : “On devait partir le jeudi et revenir le lundi. La veille du départ, le capitaine nous annonce qu’il reste 10 sièges libres, j’ai donc invité ma mère, Eugénia, et ma sœur de 17 ans, Suzy.”


De la fête à l’horreur


Les Uruguayens décollent le jeudi 12 octobre 1972, mais comme un mauvais présage, les conditions météorologiques ont obligé l’équipage à faire escale dans la ville argentine de Mendoza au pied de la Cordillère des Andes. Pas de quoi saper le moral de l’équipe qui profite de cette soirée avant de repartir le lendemain à l’assaut des sommets enneigés des Andes. En ce vendredi 13, l’avion ressemble en tout point à un bus de rugbymen : “tout le monde chantait, monter sur les sièges, on se lançait le ballon à travers la cabine”, se remémore Gustavo Zerbino, un des survivants.


Ça y est, la chaîne de montagne est traversée, l’avion survole Curicó et l’équipage prévient Santiago. Tout à coup de violentes turbulences secouent l’appareil qui entame sa redescente, les chants laisse alors place à un silence pesant. Quelques secondes plus tard, les nuages s’effacent pour dévoiler de hautes falaises. C’est la panique ! Le pilote a viré au nord bien trop tôt et n’a en réalité jamais atteint Curicó, le vol 571 remontent les Andes à une altitude bien trop faible… “Je n’ai eu que 5/6 secondes pour comprendre que ce n’était pas normal et que nous allions nous écraser”, raconte Fernando Parrado.



Le crash du vol 571 est dû à une erreur du pilote. Crédit Photo : “Dangers dans le ciel - Vol 571 crash dans les Andes”


Il est 15h32 quand le vol 571 heurte une puis deux falaises, se disloque et termine sa course en bas d’un glacier perché à plus de 3 600 m d'altitude. Douze des 45 passagers meurent sur le coup, parmi eux se trouve Eugénia, la mère de Fernando. “C’était affreux. Il y avait des cadavres, des blessés, des jambes cassées”, relate Carlos Páez. Au bout de la huitième nuit, Suzy, est morte dans les bras de son frère. Il ne restait plus que 31 survivants.


“Mentalement, vous n’êtes plus le même”


À partir du 10ᵉ jour, une fois les réserves (constituées principalement d’alcool et de chocolat) épuisées, les derniers membres du vol 571 s’organisent pour survivre : ils font fondre la neige pour s’hydrater. Pour la nourriture en revanche, difficile de trouver le moindre élément comestible à plus de 3 600 mètres d’altitude, “On a bien essayé de manger des morceaux de cuir provenant de nos valises, mais ce n’était pas comestible, le cuir était traité… Nous n’avions strictement rien”, explique Fernando. C’est alors que la solution inévitable fut abordée : l’anthropophagie.



Les survivants ont retrouvé un appareil photo parmi les bagages, nous offrant ainsi des images invraisemblables. Crédit Photo : “Dangers dans le ciel - Vol 571 crash dans les Andes”


C’était la seule solution pour survivre. Cet apport énergétique leur a permis de faire face au froid et d’entamer des expéditions pour tenter de prévenir les secours. Il y avait plus de 30 mètres de neige, ce qui rendait les déplacements périlleux et énergivores : “C’était très dur, je suis revenu pratiquement aveugle à cause de la neige blanche, mes dents commençaient à se déchausser et mes pieds à gangréner”, raconte Gustavo Zerbino. Les rugbymen fabriquent des raquettes avec les coussins et ceintures des sièges pour faciliter les expéditions.


70 jours plus tard


C’est finalement au terme d’une énième tentative que Fernando Parrado et Roberto Canessa parviennent à gravir le pan ouest de la montagne entourant le lieu du drame. S'ensuit une longue marche de plus de dix jours pour descendre la vallée du Rio Azufre et rencontrer leur sauveur : Sergio Catalán. C’est la fin du calvaire, les 16 hommes encore vivants seront secourus les 22 et 23 décembre, soit 70 et 71 jours après le crash du vol 571.


Ce drame qui a touché le club de rugby de Montevideo est ancré au plus profond de l’histoire de ce sport en Uruguay. Au sein de la sélection des “Teros” quatre joueurs ont été formés au sein du club Old Christians de Montevideo : Manuel Ardao, Manuel Diana, Santiago Arata et Tomás Inciarte. Aujourd’hui, une coupe de l’amitié, la Copa de la Amistad, est organisée chaque année entre les Old Christians et les Old Boys en mémoire de celles et ceux qui ont perdu la vie au cours de la tragédie du vol 571.


Emilien Terme



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