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Interview. Kalvin Gourgues : “L’objectif, c'est de tout gagner, de devenir le meilleur”

Le Top 14 est à l’arrêt. Pour autant, les clubs continuent à travailler en interne. Les jeunes pépites de demain, encore en laboratoire, se rôdent pour le haut niveau. Parmi elles, Kalvin Gourgues, trois-quart polyvalent de 18 ans, enfant de Grenade, dans la banlieue toulousaine, c’est au Stade Toulousain qu’il explose jusqu’à arriver chez les pros cette saison. Dans un entretien décontracté, plein d’humilité, le jeune prodige revient sur un parcours hors du commun et évoque ses ambitions.


Produit de la formation toulousaine, Kalvin Gourgues a rejoint le Stade à l'âge de 12 ans en provenance de Grenade Sports. Crédit Photo : Stade Toulousain.


Bonjour Kalvin, comment t’en es arrivé là, à seulement 18 ans ?


Quand j’étais petit, le rugby, c'était m’amuser le mercredi avec les copains à Grenade, prendre du plaisir, je ne pensais pas à la performance. Un jour, en U14 première année, on a un entraînement avec l’école du Stade Toulousain, qui vient entraîner les jeunes de Grenade. Puis un entraîneur me repère et me propose de faire un tutorat avec Stade et mon club formateur pour l’année suivante. Ensuite, j'ai intégré le Stade Toulousain à temps plein en cadet première année et grâce à mon physique et à ma génétique, j’ai souvent été surclassé avec la catégorie de haut-dessus. À partir de Crabos deuxième année, l'an dernier, j’ai été surclassé avec les espoirs, avec qui j’ai été champion de France en 2023, puis cette année avec les professionnels avec lesquels j’ai pu m’exprimer en amical.


Cette destinée n’est pas arrivée par chance, face à quels sacrifices as-tu été confronté ?


C’était surtout sur le plan scolaire. J’habite à une demi-heure du complexe Ernest Wallon. Avec des entraînements quasi tous les jours, au collège, c'était dur de jongler avec les cours, pas facile à gérer avec la fatigue : aller en cours la journée, le soir à l’entraînement, rentrer à la maison faire les devoirs… Au lycée, j’ai pris la décision d’aller au Pôle espoir. Grâce à l’internat, cela faisait moins de déplacements pour mes parents et c’était plus simple pour moi pour m’organiser. Avec l’ensemble des entraînements, les études sont difficiles, mais il faut être accroché.


Justement, cette saison, comment t’organises-tu avec l’emploi du temps professionnel et tes études ?


Avec le centre de formation, en fonction de mon emploi du temps d'espoir, on avait décidé que je partirais en STAPS. Puis, je me retrouve avec l’effectif professionnel qui est beaucoup plus exigeant donc je n'avais pas tellement le temps d’aller en cours. Je n'y suis allé que trois fois depuis septembre. J’ai décidé d’arrêter cette formation pour faire un BPJEPS. C’est une solution de facilité, avec des cours beaucoup moins denses. Cela me permettra d’obtenir un diplôme et d’assurer mes arrières en cas de pépin au rugby. Au sein de la formation, il y a la possibilité d’encadrer une équipe jeune de l’association du Stade Toulousain. C’est toujours intéressant d’apprendre aux plus jeunes, de transmettre cette passion. Le problème, c'est que l’emploi du temps n’est pas aménagé, car quand on est professionnel, on est censé avoir fini ses études. C’est donc parfois compliqué de cumuler.


Pour revenir sur le plan sportif, tu as participé à plusieurs stages avec les équipes de France jeunes, comment en es-tu ressorti ?


Forcément, on en ressort grandi, on joue avec des joueurs avec qui on n'a pas l’habitude de jouer. J’ai eu la chance de faire une tournée en Afrique du Sud, de découvrir un autre rugby, un autre style. Lors du Festival des 6 Nations 2023, c’est pareil, on a joué à Dublin contre trois équipes nationales. Ce sont des affrontements contre d’autres styles de jeu qui permettent de porter un autre regard sur notre sport. Sur le groupe France en lui-même, on ressent un réel investissement sur le plan de jeu et un réel lien entre toutes les équipes, des U18 aux A. Cela permet d’avoir une continuité à travers les générations.


As-tu eu des contacts avec les U20 ?


Oui, je devais faire la Coupe du Monde U20, j’avais été contacté par le sélectionneur, Sébastien Calvet, mais en raison des épreuves du baccalauréat qui tombaient au même moment, je n’ai pas pu y aller. Le club a préféré que je me concentre sur les études. Je me dis que j’aurais pu être champion du monde, mais à la fois, je sais qu’il me reste encore deux ans et c’est sûrement un mal pour un bien.


Comment te sens-tu au milieu de cet effectif pro, qui a déjà tout gagné ?


Au début, j’étais intimidé, je n'osais pas aller vers certains. Il y a quelques années, ce sont ces mecs que je regardais à la télé et maintenant, je me retrouve à m’entraîner avec eux, pouvoir leur parler. C’est impressionnant. Je discute avec les plus anciens pour apprendre le plus possible. Chaque jour est bénéfique et on en ressort chaque fois un peu plus grandi.


En interne, comment avez-vous géré la coupure Coupe du Monde, le fait de ne pas avoir la carotte du match en fin de semaine ?


C’était éprouvant de faire une grosse préparation pour les trois premiers matchs de Top 14, puis de repartir en mode prépa, pour être prêt à enchaîner une quinzaine de week-ends à partir de fin octobre. C’est un système différent, auquel il faut s’adapter. Alors oui, c’est frustrant de ne pas jouer le week-end, mais on sait aussi qu’on ne s'entraîne pas pour rien. Le stage aux USA a permis de souder l’équipe, d’installer une vraie cohésion et de couper de la routine, de reposer les corps, c’est une bonne chose.


Kalvin Gourgues a été sacré Champion de France lors des deux dernières saisons : 2022 - Champion de France Crabos, 2023 - Champion de France Espoirs. Crédit Photo : Association Stade Toulousain


Pour vous les jeunes, c’est une aubaine ce mondial…


C’est une chance pour nous, les jeunes, de montrer nos qualités et se faire un trou au milieu de tous ces joueurs, de profiter de l’absence de certains. La politique du Stade et Ugo Mola sont tournés vers la jeunesse et ça nous permet de matcher un maximum.


Pour finir, quelles sont tes ambitions pour la suite ?


À court terme, l’objectif, c'est d’engranger le plus de temps de jeu avec l’équipe une, de m’imposer à mon poste. Ensuite, comme tout rugbyman, c’est de tout gagner, de devenir le meilleur à force de travail. On en rêve, mais on évite d’y penser, on fait les choses étape par étape, car on sait que très peu de rugbymen y arrivent. On se garde tout ça dans un coin de la tête.


Tylian Auriol

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